
Renseignements
Nom
Boules roses/18 nuances de gaie
Type de paysage
Paysage culturel
Emplacement
Montréal : rue Sainte-Catherine Est (entre les rues St-Hubert et Papineau)
Coordonnées GPS 45° 30' 36.46" N; -73° 33’ 48.71" O
Legs
Rénovation urbaine
Installation temporaire/saisonnière (n’est plus utilisée)
Prix
Médaille du Gouverneur général en architecture de paysage - Claude Cormier (2024)
Introduction

Alors que les projets d’architecture paysagère concernent essentiellement l’aménagement du sol, le projet « Boules roses » s’est tourné vers le ciel. L’installation, composée de 170 000 boules roses suspendues sur un kilomètre au-dessus de la rue Sainte-Catherine Est, occupait littéralement l’espace aérien et créait une voûte filigrane d’ombres et de lumière rose sur les piétons en contrebas.
Réalisé dans le cadre de l’événement Aires Libres afin de faire revivre le Village gai LGBTQ2+ de Montréal, le projet Boules roses a repoussé les limites de l’aménagement urbain. Installé pendant les six mois d’été entre 2011 et 2016, « Boules roses » est une étude novatrice sur les couleurs de l’architecte paysagiste, Claude Cormier (1960-2023). M. Cormier a fait écho à la théorie de l’« espace propre » de l’architecte paysagiste français Bernard Lassus, en révélant comment la teinte des objets ou des plantes peut colorer l’atmosphère qui les entoure.
M. Cormier a utilisé deux tailles de boules roses, dont la coloration blanche variait afin de produire des teintes de roses intenses et brillants. Chaque boule était enduite, et l’ensemble colorait l’atmosphère, de la perspective des piétons sur la rue Sainte-Catherine Est.

En 2017, pour célébrer le 375e anniversaire de Montréal et la première édition de Fierté Canada (lancée par l’association nationale des organisations canadiennes de la Fierté), le concept des boules roses a été rebaptisé « 18 nuances de gai ». Suspendues sur la même rue, les 180 000 boules de résine renvoyaient au premier drapeau arc-en-ciel conçu par le militant des droits LGBTQ2+ de San Francisco, Gilbert Baker (1951-2017). En utilisant les six couleurs du drapeau original, M. Cormier a rehaussé la capacité des boules à teinter l’atmosphère en augmentant de trois niveaux leur luminosité tonale. Ainsi, les six couleurs multipliées par les trois teintes donnent dix-huit nuances… ainsi est né le projet « 18 nuances de gai ». M. Cormier a également ajouté 150 saules pleureurs dans des jardinières au sol, afin de rafraîchir la rue pendant les chauds mois d’été.
Il faut tout un village…

Pendant six ans, « Boules roses » a défini l’été dans le Village gai de Montréal. Comme l’installation était estivale, M. Cormier a conçu un système de soutien structurel aérien indépendant des bâtiments qui bordent les deux côtés de la rue. À titre d’architecte paysagiste en chef, il a coordonné une équipe de monteurs événementiels et de concepteurs-éclairagistes. Les câbles sur lesquels les boules étaient enfilées formaient une courbe caténaire, la forme parabolique idéale d’un câble suspendu qui se drape gracieusement sous son propre poids lorsqu’il est retenu aux deux extrémités.
Pour fixer les boules roses aux câbles, il fit appel à des bénévoles qui vivaient dans le quartier. M. Cormier était reconnu pour son écoute active des membres de la communauté dans tous ses projets, et en 2017, alors que « 18 nuances de gai » prenait forme, il a fait participer les citoyens du quartier dans la fabrication des boules. Alors que les boules roses du premier projet avaient été fabriquées en Chine, il a trouvé une entreprise québécoise pour les boules du projet « 18 nuances de gai ». Il s’agissait de demi-boules non assemblées et sans broches de fixation. Les bénévoles de la communauté ont assemblé les 180 000 boules en trois semaines, un processus intensif qui a créé un sentiment d’appartenance chez les participants.
Nous avons des boules!

Raphaël Thibodeau
Au cours des premières années, l’événement « Boules roses » d’Aires Libres a considérablement revitalisé le village gai LGBTQ2+ de Montréal. Le taux d’inoccupation des boutiques et des restaurants du quartier est passé de 20 % à 7 %, réduisant de plus de moitié le nombre de vitrines vides. La circulation automobile étant interdite l’été, l’achalandage a grandement augmenté, attirant d’emblée de nouveaux clients.
Le succès commercial a redynamisé le quartier. La vie sociale s’est amplifiée, les visiteurs et les citoyens ont repris possession de la rue pour s’immerger dans l’atmosphère rosée de la voie publique. Comme l’a suggéré William H. Whyte dans sa théorie de la triangulation, le stimulus externe unique relie les gens, stimule les échanges entre les citoyens qui habituellement n’échangeraient pas.
Un effet d’entraînement artistique a incité les artistes du village à créer des œuvres en hommage à Claude Cormier. L’un d’entre eux a installé un escalier bleu afin d’offrir une vue sur le couloir linéaire rose. Un autre a fabriqué des sacs poubelles à pois roses et noirs pour tous les commerçants, et le projet a inspiré plusieurs courtes vidéos qui rendent hommage aux projets « Boules roses » et « 18 nuances de gai ».

En 2018, Tourisme Montréal a adopté « 18 nuances de gai » pour sa campagne de marketing, présentant des images aériennes du projet dans ses marchés privilégiés de Toronto, de New York et de Californie. Le slogan : « We have Balls. Come let your pride out » (Nous avons des boules. Venez montrer votre fierté).
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La collection d'héritage des paysages culturels met en lumière les réalisations qui ont eu un impact durable dans le domaine de l'architecture de paysage et sur les communautés à travers le Canada.