
Faits en bref
Nom
Robson Square
Type de paysage
Centre urbain de Vancouver
Espace public végétalisé
Emplacement
Robson Street, Vancouver
GPS 490 17’4.578” N et 1230 7’29.3664 W
Désignation
Robson Square Project, 1973-1980
Administrateur
Province de la Colombie-Britannique/Vancouver
Legs
Plan directeur + Aménagement urbain
Paysages de structure
Introduction

Au début des années 1970, l’architecte Arthur Erickson a proposé un design radical pour le Square Robson qui marquait la transformation du centre-ville de Vancouver : un gratte-ciel « couché sur le côté » avec des espaces publics végétalisés. En collaboration avec Erickson et son équipe, l’architecte paysagiste Cornelia Hahn Oberlander a joué un rôle déterminant dans la réalisation de ces espaces végétalisés et de la reconquête citoyenne du centre-ville de Vancouver.
À l’époque, le projet était audacieux dans un centre-ville qui n’était pas l’enclave dense et dynamique d’aujourd’hui. Les espaces verts étaient presque inexistants et les espaces ouverts étaient essentiellement des terrains de stationnement. Le Square Robson allait devenir un lieu de rassemblement, de jour comme de nuit, une oasis de jardins, de places et de bâtiments.
La conception se voulait résolument moderne, et les défis techniques étaient nombreux. Oberlander a conçu un aménagement ouvert à plusieurs niveaux, intéressant sur le plan topographique, en situant presque tous les éléments naturels – plantes, sol, eau et 50 000 arbres et arbustes – sur le bloc central. Cette prouesse s’est fait remarquer. En ouvrant la voie à plusieurs technologies émergentes, le Square Robson a repoussé les limites de l’art paysager.

Autre fait à souligner, les concepteurs ont soigneusement intégré le paysage aux bâtiments existants et à l’architecture d’Erickson, notamment les bâtiments gouvernementaux, judiciaires et commerciaux proposant des divertissements. Dans la zone centrale, les cascades et le relief sont si harmonieusement intégrés qu’ils semblent avoir été sculptés à même le sol.
En moins d’une décennie, c’est devenu un lieu de rassemblement apprécié des Vancouvérois, une place socioculturelle symbolisant le renouveau urbain. En 2008, Trevor Boddy, critique d’architecture, a qualifié le Square Robson du « plus grand salon prisé par les Vancouvérois ».
Le Square Robson a montré que l’architecture paysagère faisait partie des aspirations urbaines de Vancouver et qu’il était une source d’inspiration pour les villes de tout le pays.
Verdir les bâtiments : relations verticales

Lorsque Cornelia Hahn Oberlander s’est jointe à l’équipe de conception du Square Robson à titre d’architecte paysagiste en chef, elle a immédiatement reconnu que le projet conceptuel d’Arthur Erickson reposait sur une relation dimensionnelle complexe entre les élévations intérieures et extérieures des bâtiments.
Pour tenir compte de la variation verticale de l’aménagement, Oberlander a préparé une matrice des espaces extérieurs afin de pouvoir intégrer les éléments d’aménagement paysager propre à chaque niveau et créer des zones d’activité uniques.
Pour les éléments paysagers récurrents comme les bassins d’eau, par exemple, le changement d’élévation entraîne un changement de taille. À mesure que l’eau s’écoule de la zone sud à la zone centrale du Square Robson pour atteindre le niveau de la rue, les bassins deviennent de plus en plus petits. Le bruit des chutes augmente atténuant ainsi les bruits de la circulation dans la rue.
La variété des paysages à plusieurs niveaux unifie la diversité architecturale, qui va du palais de justice néo-classique de 1911 (maintenant la Galerie d’art de Vancouver) au nord, à un palais de justice contemporain au sud.
Les espaces extérieurs et intérieurs sont multiples dans la zone du palais de justice et la zone centrale, avec de vastes toits verts, un plafond de verre intérieur qui couvre un bassin d’eau au niveau de la place et des murs porteurs où s’écoulent des cascades extérieures. Au centre, une structure discrète, camouflée par l’eau et la végétation, selon trois typologies : des allées plantées, des jardinières et des « jardinières aériennes » en porte-à-faux sur la façade des bâtiments.
Ce sont les 50 000 arbres et arbustes plantés essentiellement sur les structures qui ont suscité le plus d’attention. Oberlander a été une pionnière canadienne des technologies de toits verts, notamment l’irrigation et la fertilisation informatisées, les nouvelles membranes d’étanchéité et les substrats de culture légers. En 2009, lorsque les systèmes d’étanchéité d’origine ont dû être remplacés, bon nombre des plantations originales ont été conservées.
Point culminant : le monticule

Le monticule d’Oberlander, à l’angle des rues Robson et Hornby, est l’endroit qui incarne le mieux les objectifs de réappropriation citoyenne de la ville. Perché à près de huit mètres au-dessus de la place et ponctué de nombreuses plantations, cet endroit est un lieu où les citoyens, selon Oberlander, « ont l’impression de ne pas se trouver au cœur de la ville ».
Le legs : une aspiration urbaine

Un demi-siècle après la création du Square Robson, le « salon prisé des Vancouvérois » demeure un lieu de rassemblement et une halte verte au cœur de la ville aujourd’hui très urbanisée. La place a été un catalyseur immobilier. Un grand nombre de projets d’habitation ont vu le jour au centre-ville de Vancouver maintenant densément peuplé.
À l’instar des Vancouvérois, les touristes internationaux sont attirés par le Square Robson en raison de son emplacement central et de sa programmation. Lorsque Vancouver a accueilli les jeux olympiques et paralympiques d’hiver de 2010, plus de 1,5 million de personnes y sont venues, notamment pour patiner sur l’esplanade et pour les spectacles et la tyrolienne.
C’est aussi un lieu actif de militantisme. La rampe d’escalier de la Galerie d’art de Vancouver, en particulier, sert de lieu de manifestations politiques, de rassemblement contre le VIH et le sida, contre la guerre et l’oppression économique, et pour lancer des appels à l’action contre le changement climatique. En 2019, Greta Thurnberg y a pris la parole lors de la marche pour le climat. En 2021, l’artiste haïda, Tamara Bell, a placé 215 paires de chaussures d’enfants sur les marches, en guise de mémorial improvisé et de lieu de guérison autochtone.
Le Square Robson continue de miser sur ses forces. Plus récemment, l’architecte paysagiste en chef Joseph Fry (fondateur de Hapa) a dirigé le réaménagement de l’esplanade nord de la Galerie d’art, et du 800, block of Robson Street en une esplanade piétonnière. Les deux sites rétablissent les pavés roses et gris qui rappellent la conception originale du Square Robson.
Kenneth Frampton, historien de l’architecture, assimile le Square Robson au début du Rockefeller Center dans les années 1930, qui a stimulé la croissance de Manhattan. Aujourd’hui, le Square Robson demeure un élément structurant dans la ville et au-delà. Il a établi un nouveau domaine d’expertise dans la conception de toits verts, stimulant toute une industrie – un pas de géant vers des lieux plus écologiques et humains.
La rampe d’escalier

L’élégante rampe d’escalier du Square Robson, souvent reproduite, est rapidement devenue emblématique.
La conception de cette rampe d’escalier hybride, qui offre un endroit où s’asseoir et réfléchir, a été reproduite dans de nombreux autres aménagements urbains. L’un des aménagements les plus importants, créés en 2012, est celui de la plage de l’Horloge dans le Vieux-Montréal. Claude Cormier et associés (maintenant CCxA) a conçu cette rampe en hommage à Cornelia Hahn Oberlander.

La collection d'héritage des paysages culturels met en lumière les réalisations qui ont eu un impact durable dans le domaine de l'architecture de paysage et sur les communautés à travers le Canada.