STATION D’ÉPURATION DES EAUX USÉES DE L’ÎLE IONA ET PARC RÉGIONAL D’IONA BEACH

Les projets SEEUII ont été lancés en réponse au Règlement sur les effluents des systèmes d’assainissement des eaux usées de 2012, une politique fédérale pour améliorer la qualité de l’eau. Figurant parmi les dernières stations d’épuration de la côte ouest de l’Amérique du Nord à ne disposer que d’un traitement primaire, l’objectif était de moderniser l’usine pour passer à un traitement tertiaire afin de répondre aux nouvelles normes, grâce à des mesures complémentaires de restauration écologique.

En réponse à la réglementation fédérale, la région métropolitaine de Vancouver a adopté une approche proactive et globale pour l’aménagement de la nouvelle station d’épuration. Cette approche, conforme aux normes sur la qualité des effluents, avait une vision plus large qui tenait compte de facteurs essentiels, comme l’adaptation au changement climatique, l’amélioration de la biodiversité, la régénération écologique et la mobilisation communautaire. En intégrant ces éléments holistiques, Vancouver souhaite créer une installation respectueuse de l’environnement et centrée sur la collectivité.  

Une évaluation complète des risques climatiques a été réalisée afin d’identifier les impacts potentiels sur les infrastructures, les écosystèmes et les bâtiments. L’analyse des impacts climatiques a été menée par l’équipe de consultants, composée d’ingénieurs et de spécialistes en environnement d’AECOM et de Jacobs. Ils ont utilisé les données et les cadres de référence des autorités provinciales et du Groupe CSA pour structurer leur évaluation.

• Impacts sur les infrastructures : les principaux risques pour les infrastructures sont les inondations et l’élévation du niveau marin. La montée des eaux aura un impact sur les systèmes de pompage des effluents de la station, ce qui augmentera la charge statique requise pour évacuer l’eau traitée, augmentant ainsi la consommation d’énergie. Des épisodes de pluies plus fréquents et plus intenses auront également une incidence sur les besoins en pompage. L’évaluation conclut que, sans mesures d’atténuation, ces risques constituent une menace importante pour la viabilité à long terme de la station.
• Impacts sur les écosystèmes : l’évaluation a déterminé que l’élévation du niveau marin menace de submerger les zones tidales, tandis que les températures plus chaudes, les étés plus secs et les hivers plus humides exerceront une pression sur les habitats terrestres. Les milieux humides côtiers sont très vulnérables en raison du faible taux d’accrétion et du manque d’espace pour la migration vers les hautes terres.
• Impacts sur les bâtiments : l’évaluation a tenu compte des facteurs suivant : vulnérabilité aux inondations, hausse des températures (multipliant par six les besoins en climatisation), augmentation de la vélocité des vents et détérioration de la qualité de l’air attribuable à la fumée des incendies de forêt, ce qui complique les stratégies de ventilation.  

Le changement climatique représente une menace importante pour l’île Iona, avec des projections d’élévation du niveau marin de 1,0 m d’ici 2100. Les premières phases du projet ont été élaborées avec un nombre limité de données climatiques. À mesure que de nouvelles études et données climatiques sont disponibles, la conception est réévaluée en conséquence. Élément fondamental du processus décisionnel, les données climatiques déterminent les stratégies de résilience à long terme. La conception des projets s’appuie sur les projections climatiques du Grand Vancouver afin d’anticiper les conditions futures et assurer la pérennité de la station au cours du XXIe siècle.

Les principales variables climatiques utilisées sont les suivantes :

• Températures moyennes plus élevées
• Automnes et hivers plus humides avec des précipitations extrêmes
• Étés plus longs et plus secs
• Diminution de l’enneigement
• Élévation du niveau marin (ÉNM)

Le projet tient compte de plusieurs horizons temporels et seuils pour une mise en œuvre progressive et la durabilité, notamment:

• D’ici 2050 : une ÉNM de 0,5 m. Les températures devraient augmenter de 3 °C, les précipitations estivales diminuer de 20 % et les précipitations hivernales augmenter.
• D’ici 2100 : une ÉNM de 1,0 m (prise en compte pour établir le niveau de construction en zone inondable [NCZI]).
• D’ici 2200 : une ÉNM de 2,0 m (prise en compte pour une planification à long terme au-delà de l’horizon de conception initial).

Sources des données : les données climatiques ont été obtenues de plusieurs rapports et lignes directrices :

• Le rapport de 2016, Climate Projections for Metro Vancouver, comme principale source pour les projections de température et de précipitation.
• Les lignes directrices provinciales, notamment Climate Change Adaptation Guidelines for Sea Dikes and Coastal Flood Hazard Land Use, pour les données sur l’ÉNM.
• Divers rapports de la National Oceanic and Atmospheric Administration (NOAA) des États-Unis pour les données sur les tendances locales d’ÉNM.
• La norme CSA S900.1:F18 Adaptation aux changements climatiques pour les stations de traitement des eaux usées, pour les données sur les tendances locales d’ÉNM.  

Les données climatiques influencent directement la conception du projet. Par exemple, le niveau de construction en zone inondable a été fixé à 7,0 m géodésiques pour les nouvelles structures, une décision fondées sur les projections d’ÉNM, d’ondes de tempête, de tassement du sol, d’effet des vagues et sur un franc-bord sécuritaire. Les infrastructures essentielles sont placées à ce niveau et plus. Les espaces non essentiels des niveaux inférieurs sont munis d’une protection étanche pour tenir compte du tassement du sol, de la marée haute, des ondes de tempête et de l’effet des vagues. Le projet propose également des stratégies de protection fondées sur les écosystèmes, comme des brise-lames vivants et l’apport de sédiments pour restaurer l’estran et aider les habitats naturels à s’adapter à la montée des eaux. 

En qualité de responsable de la conception du parc régional d’Iona Beach, Space2place a proposé un aménagement qui complète la modernisation de la station pour restaurer les processus écologiques de North Sturgeon Bank et de protéger la diversité écosystémique de l’île Iona. Le projet de Space2place a deux objectifs principaux : la restauration écologique et l’adaptation climatique.

Les infrastructures actuelles dans l’estuaire du Fraser ont perturbé les processus naturels de l’estuaire ainsi que les écosystèmes essentiels, ce qui a eu un impact direct sur la faune, notamment le saumon juvénile et d’autres espèces aquatiques, et sur les oiseaux migrateurs. Le site occupe un emplacement unique le long de la voie migratoire du Pacifique qui accueille plus de 300 espèces d’oiseaux à proximité de l’aéroport international de Vancouver, ce qui complexifie la situation.

L’équipe de conception tient compte de plusieurs échelles, car le site fait partie d’un écosystème mondial sur les routes migratoires des oiseaux et des saumons. Elle tient également compte de l’aspect écosystémique qui façonne les expériences humaines le long du fleuve Fraser. Ainsi, l’aménagement proposé par Space2Place vise à rétablir le lien entre les systèmes naturels essentiels du fleuve et de la mer en donnant accès aux habitats hors du chenal pour les saumons juvéniles et en restaurant l’écosystème des milieux humides intertidaux. Ces mesures seront mises en œuvre dans le cadre de projets écologiques : l’aménagement d’un quai pour les barges, l’amélioration des routes en remblai, le nettoyage de la lagune (qui deviendra des milieux humides, des habitats terrestres et des éléments du parc), des études biophysiques et la restauration des exutoires. Les prochaines phases du projet porteront sur la possibilité de construire des routes et des ponts surélevés, et sur d’autres projets de restauration des habitats tidaux.

Résumé des intentions conceptuelles:

• Respecter les exigences réglementaires provinciales et fédérales, et assurer la protection de la santé publique et de l’environnement.
• Traitement tertiaire des eaux usées afin d’améliorer la qualité des eaux rejetées dans la mer des Salish.
• Régénération écologique pour restaurer et protéger les écosystèmes diversifiés et sensibles du parc régional d’Iona Beach et renforcer sa résilience climatique.
• Renforcer le lien entre les visiteurs et la nature, et intégrer la station d’épuration au parc.
• Améliorer la qualité du sol pour protéger la station contre les phénomènes météorologiques extrêmes et les tremblements de terre, et tenir compte de l’élévation du niveau marin.

Les projets SEEUII adoptent un processus de conception intégré qui rassemble des experts de plusieurs domaines, dont le génie technique, l’architecture, l’architecture paysagère, l’écologie et l’archéologie. La collaboration entre le Grand Vancouver, Space2Place et plusieurs experts a permis de tenir compte des conditions écologiques, sociales et culturelles dès les premières étapes de la conception.

Grâce à une collaboration multidisciplinaire, des stratégies de régénération écologique et d’adaptation climatique fondées sur la nature ont été intégrées au concept, en faisant appel à une diversité de points de vue, principalement à l’aide d’ateliers de conception intégrée. La phase initiale de conception s’est déroulée de 2018 à 2021. Huit ateliers de deux jours et demi ont été organisés afin de mobiliser des experts de disciplines connexes, notamment des ingénieurs, des hydrologues, des écologistes, des architectes paysagistes, des architectes, des conseillers en construction et d’autres, afin d’élaborer des stratégies novatrices et inclusives.

Un calendrier des travaux et des grands objectifs a été préparé et divisé en trois phases, de 2021 à 2038. À l’heure actuelle, l’un des principaux problèmes à l’origine des retards importants est la complexité du régime foncier sur l’île Iona, une conséquence de la construction de la station d’épuration qui a modifié la forme originale de l’île dans les années 1960. Cette incertitude a soulevé des questions au sujet de l’avenir des projets écologiques prévus sur le site.

La complexité des projets est due à l’importance écologique du lieu, aux besoins en infrastructure, aux complexités juridictionnelles et aux considérations culturelles. Par conséquent, les leçons tirées de ce projet et de ses résultats constitueront un précédent en matière de conception paysagère pour les futures initiatives à grande échelle et multipartites de restauration et d’adaptation aux changements climatiques.

Malgré l’approbation en 2022 du rapport de conception préliminaire, préparé par Space2Place, les projets SEEUII font actuellement l’objet d’une révision. Le concept est modifié en fonction des nouvelles données. La construction de la station d’épuration se déroule comme prévu sur les terrains municipaux clôturés et devrait être opérationnelle d’ici 2035. Cependant, les initiatives écologiques à l’extérieur du périmètre de la station ont connu des retards importants en raison de problèmes fonciers non résolus liés et aux travaux de conception qui en découlent.

Compte tenu de la diversité écosystémique des habitats sur l’île Iona, il est question d’études pilotes pour tester diverses approches et stratégies sur de petites zones avant une mise en œuvre à grande échelle, comme mécanisme de suivi de l’adaptation climatique en cours. L’un des résultats les plus importants du projet sera la protection des écosystèmes sensibles et la restauration des systèmes naturels qui ont été interrompues par des interventions anthropiques sur l’île au cours des 100 dernières années.

Une fois achevée, la mise en place de brèches dans la route en remblai et les jetées créera un environnement propice à la transition des saumons juvéniles de l’eau douce à l’eau salée, et permettra aux saumons en migration d’accéder à des habitats d’élevage essentiels. De plus, la régénération et l’expansion des milieux humides en amont, la restauration de la biodiversité des espèces aquatiques, terrestres et aviaires essentielles sera renforcée.

Le processus de conception intégrée et l’approche multidisciplinaire adoptés dès le début du projet ont directement influencé la réalisation du projet d’infrastructure et la vision préliminaire. En plus de la collaboration multidisciplinaire, la mobilisation des Premières Nations aux ateliers de conception a permis de déterminer les domaines potentiels d’intégration.

Contrairement à la pratique habituelle, les projets d’infrastructure similaires sont orchestrés par des ingénieurs. Dans le cas présent, les architectes paysagistes de Space2Place ont participé dès l’avant-projet, ce qui a modifié l’approche initiale, influencé les paramètres de conception (emplacement de la station, zones de construction appropriées) et intégré de multiples critères environnementaux et contextuels dans le processus décisionnel. Les architectes paysagistes ont également préparé les dossiers de visualisation et les documents promotionnels pour communiquer l’importance et le potentiel des projets aux citoyens et à l’ensemble des intervenants.

Les projets SEEUII représentent une occasion unique de mettre en œuvre des modèles qui intègrent les infrastructures urbaines à la restauration écologique, à l’adaptation climatique et à la réconciliation avec les peuples autochtones. Ils laisseront sans aucun doute un important héritage pour les initiatives de restauration écologique et de résilience au Canada. Ce projet, véritable modèle de coexistence entre le progrès et la restauration écologique, établira une nouvelle norme en matière de développement infrastructurel. Ce projet a démontré comment l’architecture paysagère peut intégrer le développement et l’expansion des infrastructures urbaines à la création et la restauration d’habitats pour des résultats économiques, sociaux et écologiques mutuellement avantageux.

Actuellement, le Grand Vancouver étudie la question des coûts pour veiller à la viabilité financière des projets pour les contribuables de la région. La municipalité examine la vision conceptuelle des projets et cherche d’autres options pour leur réalisation.

Il est nécessaire de renforcer la collaboration avec la nation Musqueam afin d’obtenir des résultats concrets et d’améliorer les habitats fauniques et floraux qui rehaussent la valeur écologique de la station. Les projets SEEUII illustrent les défis qui entourent le calendrier de projets où les problèmes fonciers, par exemple, retardent les progrès en matière d’action climatique.

Les projets adoptent une vision à long terme sur 50 ans. Un tel horizon peut sembler distant, mais les décisions prises aujourd’hui détermineront les résultats et l’engagement indispensables pour s’assurer que les mesures d’adaptation essentielles ne sont pas retardées davantage dans leur mise en œuvre.

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• MetroVancouver (2025) - Iona Island Wastewater Treatment Plant Projects - Causeway Improvements Fact Sheet
• MetroVancouver (2023) - Iona Island Wastewater Treatment Plant Projects - Preliminary Design Fact Sheet
• MetroVancouver (2024) - Iona Island Wastewater Treatment Plant Projects - Barge Berth Fact Sheet
• MetroVancouver (2023) - Iona Island Wastewater Treatment Plant Projects - City of Vancouver Standing Committee on Policy & Strategic Priorities
• MetroVancouver (2022) - Iona Island Wastewater Treatment Plan Projects - Conceptual Design Backgrounder Paper
• Space2place. Iona Island Wastewater Treatment Plant Project Portfolio