PARC DALE HODGES

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Vue en perspective surélevée du parc Dale-Hodges

Vue en perspective surélevée du parc Dale-Hodges. [O2]

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ENJEU CLIMATIQUE: Qualité des eaux pluviales urbaines, inondations fluviales, érosion, dégradation écologique | SECTEUR: Architecture paysagère, gestion des eaux pluviales, écologie | PHASE D’ADAPTATION: Terminée | TYPE DE MESURE: Infrastructure verte, solution fondée sur la nature, restauration écologique | TYPE DE MILIEU: Bassin versant urbain, Friche industrielle, Parc urbain


Aperçu Du Projet

Ruisseau naturalisé
Ruisseau naturalisé. [O2]

Situé le long de la rivière Bow à Calgary, en Alberta, le parc Dale Hodges est un projet de restauration qui transforme l’ancienne gravière Klippert en parc agrémenté d’art public. Fruit d’une collaboration entre O2 Planning and Design et Source2Source, ainsi que AECOM, Sans Façon et la municipalité de Calgary, le projet de gestion des eaux pluviales restaure les habitats riverains et aquatiques dégradés, traite les eaux de ruissellement et crée un nouveau parc multifonctionnel tout en exposant le mouvement de l’eau à travers le système.

EMPLACEMENT: Calgary, Alberta

ACTEURS: O2 Planning & Design (architecture paysagère et conception de parc), AECOM avec Source2Source (techniques des eaux pluviales, conception environnementale et hydraulique), et Sans Façon pour Watershed+ (artistes publics) 

ORGANISMES/PROGRAMMES DE FINANCEMENT: Ville de Calgary

ENJEUX: Dégradation de l’intégrité écologique. Qualité des eaux pluviales qui se déversent dans la rivière Bow. 

MESURES: Un système de biofiltration à plusieurs étapes composé d’une infrastructure de traitement des eaux pluviales hautement technique. Des solutions écologiques, notamment la restauration des habitats humides et riverains, et la plantation de végétaux.

RÉSULTATS: Régénération écologique, protection écosystémique anti-inondation, restauration hydrologique, traitement des eaux pluviales, aménagements ludiques. 

DIRECTION: O2 Planning and Design et Source2Source

DÉTAILS DU PROJET

Contexte Du Projet

Chronologie de l'imagerie aérienne, 1926-1995
Chronologie de l'imagerie aérienne, 1926-1995. [O2]

Les fondements conceptuels du parc Dale Hodges remontent aux années 1990, à la suite de discussions entre la municipalité de Calgary et la province de l’Alberta, concernant notamment l’incidence des sites de captage des eaux pluviales sur l’environnement riverain de la ville. Ces pourparlers ont abouti à une approche intégrée et durable visant à atténuer les impacts environnementaux du développement urbain sur les rivières et les ruisseaux.

AMEC Engineering fut mandatée au début des années 2000 pour déterminer les sites potentiels de gestion des eaux pluviales dans le but d’améliorer la qualité des eaux de ruissellement et de restaurer l’écologie. Bernie Amell (architecte paysagiste, Source2Source) a été l’un des principaux auteurs de cette étude. L’étude a déterminé que le parc Bowmont (rebaptisé parc Dale Hodges) était un site hautement prioritaire. 

En 2010, la municipalité de Calgary a acquis l’ancienne gravière Klippert, située le long de la rive nord de la rivière Bow, dans le parc Bowmont. À l’époque, Calgary connaissait une croissance rapide et une forte pression immobilière. L’acquisition de ces terrains permettait de mettre en place un système de traitement des eaux pluviales provenant d’un bassin versant fortement urbanisé de plus de 1800 ha avant de se déverser dans la rivière Bow, ce qui permettrait non seulement de restaurer l’écosystème faunique, mais aussi d’améliorer l’aménagement et l’accès à la nature.

Comprendre Et Évaluer Les Impacts

Plan aérien du site
Plan aérien du site. [O2]

Le site entourant le parc Dale Hodges se situe à l’exutoire d’un important réseau souterrain d’eaux pluviales qui se déverse dans la rivière Bow, en amont d’une zone de frai de l’omble à tête plate. Ce projet offrait de grandes possibilités environnementales et hydrologiques, mais était très complexe sur le plan infrastructurel.  

Les écosystèmes de la rivière, des rives et de l’escarpement de la vallée de la rivière Bow sont des éléments naturels fondamentaux de la ville de Calgary. La rivière Bow est une rivière de montagne froide et limpide, dotée d’un écosystème unique, centrée sur la truite. Avant que la zone ne devienne une gravière au milieu du XXe siècle, elle abritait un cours d’eau naturel. Cependant, le réchauffement climatique et la pollution ont entraîné une diminution du taux d’oxygène et un enrichissement en nutriments, ce qui a considérablement affecté la santé du ruisseau à truite et de l’écosystème environnant. 

Pour répondre aux préoccupations sur la qualité de l’eau et la dégradation écologique du site, les principaux objectifs du projet étaient le traitement des eaux pluviales avant leur rejet dans la rivière Bow et la restauration de l’écosystème. Ce projet a été l’occasion de régénérer les habitats naturels, de rétablir le système hydrologique original, de renouer la relation avec la rivière grâce aux aménagements récréatifs et aux parcs, et de démontrer l’engagement municipal envers le développement durable.

Utilisation Des Données Dans La Prise De Décision

Une série d’études et d’analyses sur l’hydrologie, la végétation, les habitats, et les infrastructures actuelles, ainsi que sur les services publics et les eaux pluviales, ont été menées. 

Au cœur du projet, le système de gestion des eaux pluviales, conçu pour s’adapter à divers débits, allant des épisodes fréquents d’étiage aux crues extrêmes. Cette souplesse tient compte des projections climatiques pour le sud de l’Alberta, qui indiquent que la fréquence et l’intensité des tempêtes augmenteront. En aval, le système intègre un déversoir résistant à l’érosion qui sert de soupape en cas de crue ou de refoulement. Cette caractéristique améliore la fonction écologique et protège les ouvrages et les habitats environnants. 

Le système de traitement des eaux pluviales est organisé en neuf bassins de traitement. Les conditions pédologiques, les communautés végétales et les caractéristiques hydrologiques sont spécifiques à chaque bassin. Cette diversité écologique améliore la qualité de l’eau et favorise la régénération naturelle des habitats dans les zones marécageuses profondes et peu profondes. De même, les conditions hydrologiques variées et les interactions entre les végétaux favorisent la biodiversité et offrent des habitats à une grande variété d’espèces. 

Étang Nautilus
Étang Nautilus. [O2]

Le flux d’eau dans le parc commence dans les quartiers résidentiels en amont, où le ruissellement s’écoule dans des canalisations avant d’atteindre le parc. L’eau traverse ensuite une succession de marais, de prairies humides, de zones riveraines et un ruisseau restauré de 900 m de long. En amont du ruisseau artificiel, les eaux pluviales se déversent dans l’étang Nautilus, qui retient une grande partie des sédiments et des polluants flottants susceptibles de saturer les composants plus sensibles du système en aval. 

Ruisseau artificiel
Ruisseau artificiel. [O2] 

Le débit, qui peut atteindre 5 m3/s, se déverse ensuite dans la forêt riveraine vers le ruisseau artificiel qui longe les milieux humides, où ils subissent un traitement supplémentaire pour éliminer les sédiments plus fins, les nutriments dissous et d’autres contaminants. Les forts débits, peu fréquents, supérieurs à 5 m3/s et jusqu’à 20 m3/s, contournent la zone humide de traitement et subissent un traitement biomimétique dans le ruisseau artificiel et les habitats riverains. Cette structure hydrologique rétablit le cycle naturel d’inondation de la forêt en permettant le dépôt de limon et le cycle des nutriments, créant ainsi un écosystème riverain productif. 

Murs de sources
Murs de sources. [Sans Façon]

Un système à double canalisation est utilisé pour gérer les fortes crues. Les petites canalisations gèrent les débits courants, mais transportent des charges de polluants plus élevées, tandis que les grandes canalisations sont ouvertes lors de fortes précipitations. Les « murs sources » en amont (terme créé par les artistes pour décrire l’installation) sont utilisés pendant les précipitations extrêmes pour libérer l’eau, avant qu’elle n’atteigne l’étang Nautilus, vers le cours d’eau sans perturber les zones humides. Ces murs servent également d’œuvres d’art publiques, permettant ainsi aux visiteurs d’observer les fluctuations du niveau d’eau de différents épisodes pluvieux. 

Détermination Des Mesures

Ce projet, grandement collaboratif, a mobilisé une vaste équipe multidisciplinaire pour concevoir le parc. L’objectif était de mettre en évidence le parcours des eaux pluviales grâce à l’intégration du génie hydraulique, de l’art public, de l’architecture paysagère et de la conception écologique. Le projet était dirigé conjointement par le service hydrique et le service des parcs de la municipalité. L’équipe de conception multidisciplinaire a collaboré avec plusieurs services municipaux pour atteindre les objectifs. 

Inspiration d’une rivière conceptuelle.
Inspiration d’une rivière conceptuelle. [O2]

L’art a joué un rôle déterminant dans la conception du parc Dale Hodges. Au moment de l’élaboration, la municipalité a exigé qu’une partie du budget des infrastructures soit consacrée à l’art public, ce qui a permis à des artistes de se joindre à l’équipe de conception dès le début du projet afin d’aider la municipalité à définir sa vision du projet. Par ailleurs, des ateliers de consultation publique, organisés dans le cadre du plan d’aménagement du parc naturel East Bowmont (2012 à 2014), ont également orienté la conception du parc. Cette collaboration a ouvert des possibilités créatives pour interpréter et révéler l’histoire des eaux pluviales. 

Conformément aux lignes directrices de l’Alberta sur la gestion des eaux pluviales (1999), le système de gestion des eaux pluviales a été conçu pour éliminer au moins 80 % des matières en suspension, dans des conditions normales d’exploitation, avant d’atteindre les plans d’eau. La norme vise à ce que les infrastructures améliorent substantiellement la qualité de l’eau et protège les écosystèmes en aval. Les objectifs écologiques de la conception étaient beaucoup plus exigeants en matière d’élimination des sédiments. 

D’un point de vue technique, l’objectif était de développer un système de biofiltration à plusieurs étapes qui aboutit à une zone d’infiltration et à un cours d’eau écologiquement équilibré. Lors de la conception, il a été décidé d’offrir aux visiteurs une expérience immersive. Le processus de traitement des eaux pluviales et, par la suite, le processus de restauration écologique sont apparents à chaque étape du traitement jusqu’à la rivière Bow. S’inspirant des méandres naturels d’un cours d’eau, le parcours favorise le traitement des eaux et forge l’aspect visuel et expérientiel du parc. Ainsi, l’aménagement des milieux humides, des prairies humides et des marais est conçu de façon à ralentir, à nettoyer et à stocker les eaux pluviales, et à mettre en relief les habitats naturels le long des sentiers et des promenades du parc. 

Plan du site rendu
Plan du site rendu. [Ville de Calgary]

Résumé des intentions conceptuelles:

  • Restaurer le sol perturbé par les opérations antérieures de la gravière;
  • Traiter les eaux pluviales urbaines;
  • Restaurer les habitats écologiques et la biodiversité; et
  • Offrir un environnement ludique aux visiteurs.

Mise En Œuvre

La mise en œuvre du plan d’aménagement d’East Bowmont s’est déroulée en quatre phases, la phase initiale consistait à construire des installations de gestion des eaux pluviales. Les phases suivantes ont porté sur la restauration des habitats, l’aménagement de sentiers et de promenades, et l’ajout de commodités et d’installations hors de la zone de gestion des eaux pluviales. 

Le projet a intégré la filtration écosystémique, la restauration des habitats et la gestion hydrologique tout au long de la conception. La végétation émergente, les apports d’eau souterraine dans la forêt riveraine et le chenal du ruisseau restauré contribuent de concert à conserver les poissons et la faune en général, tout en traitant le ruissellement urbain. 

East view of naturalized stream
Ruisseau naturalisé est. [O2]

Le système de gestion des eaux pluviales est conçu pour reproduire les processus naturels, notamment les crues saisonnières et la sédimentation, afin de maintenir les fonctions et la résilience de l’écosystème dans des conditions climatiques variables. Comme il s’agit d’un ruisseau saisonnier restauré, le cours d’eau se jette dans un habitat propice à la reproduction des truites, favorisant l’adaptation en période de crue. Pendant la mise en œuvre, le retour des truites en aval témoignait du rétablissement de la biodiversité et de la restauration d’un écosystème aquatique limpide et pauvre en nutriments.

Résultats Et Suivi

Marais polissage
Marais polissage. [O2]

Le projet a été achevé à l’automne 2018 et officiellement inauguré, sous le nom de parc Dale Hodges, en juin 2019. Cette ancienne gravière contaminée a été réhabilitée en parc naturel et fonctionnel qui, en plus de traiter les eaux pluviales, restaure la biodiversité et la résilience climatique, tout en utilisant l’art du relief pour façonner un aménagement public de haute performance. Le projet a reçu de nombreux prix locaux, nationaux et internationaux pour son approche novatrice visant à intégrer la gestion des eaux pluviales, l’art et les espaces publics le long des berges de la rivière Bow.  

L’approche multidisciplinaire et intégrée de la municipalité est à l’origine du succès du projet qui a réuni des ingénieurs, des architectes paysagistes, des écologistes et des artistes pour concevoir collectivement le parc, qui a transcendé la frontière disciplinaire et créé un milieu riche en expériences. Le leadership politique et municipal a été significatif. Il a fait en sorte que les pressions économiques ne compromettent pas la vision du projet, en fournissant une perspective à long terme et le soutien nécessaires pour coordonner et atteindre les objectifs du projet. 

L’un des plus grands défenseurs du projet fut l’ancien conseiller municipal de Calgary, Dale Hodges, qui a donné son nom au parc en reconnaissance de sa contribution. Ce projet démontre l’importance de coordonner des équipes multidisciplinaires. Une planification visionnaire, une gouvernance structurée et une collaboration coordonnée sont essentielles à la réussite de projets d’infrastructures écologiques de grande envergure. 

Le projet a adopté une approche systémique pour restaurer le paysage et l’intégrer à son nouveau contexte écologique et culturel, et restaurer la biodiversité à long terme. Les zones de végétation émergentes permettent une filtration naturelle des eaux pluviales, améliorent les habitats et contribuent à la résilience climatique de l’écosystème. 

Cascade élancée à l'étang Nautilus
Cascade élancée à l'étang Nautilus. [O2]

La biodiversité, en particulier la présence de truites et de nombreuses espèces d’oiseaux indigènes, sert d’indicateur écologique. Le rendement prévu pour la capture des sédiments a été dépassé, et l’étang Nautilus continue d’être surveillé pour s’assurer que le système fonctionne comme prévu : les sédiments s’accumulent dans un anneau extérieur et les débris flottants sont périodiquement éliminés. 

Points Saillants

Polishing marsh and wet meadow
Marais poli et prairie humide. [O2]

Le projet du parc Dale Hodges illustre l’approche en deux temps de l’architecture paysagère. Un aspect hautement technique de bio-ingénierie et de sciences écologiques, et un aspect conceptuel créatif. La complexité du projet a nécessité une équipe multidisciplinaire, notamment composée d’architectes paysagistes spécialisés dans les différents aspects du projet pour atteindre les objectifs de gestion de l’eau et de restauration écologique dans un cadre plus large de création d’un parc urbain. 

Bordure en gabions de l'étang Nautilus
Bordure en gabions de l'étang Nautilus. [O2]

Ce projet démontre le point de convergence entre science, art et écologie en architecture paysagère. Il positionne l’architecte paysagiste de manière unique aux côtés d’ingénieurs, d’écologues et d’artistes. Le concepteur a traduit les exigences techniques des ingénieurs, tout en intégrant la vision des artistes. Le résultat, un concept non seulement fonctionnel sur les plans écologique et technique, mais aussi visuellement attrayant qui propose aux visiteurs une expérience enrichissante. 

Prochaines Étapes

Promenade à Wet Meadow
Promenade à Wet Meadow. [O2]

Pendant la période pandémique, la fréquentation du parc a considérablement augmenté, ce qui démontre la valeur du projet comme refuge faunique et destination naturelle en milieu urbain. Actuellement, des efforts sont déployés pour améliorer l’expérience des visiteurs grâce à des panneaux d’interprétation supplémentaires. 

Il n’existe actuellement aucun financement prévu pour le suivi à long terme des performances écologiques et de la gestion des eaux pluviales du parc, mais d’autres indicateurs ont permis de démontrer l’efficacité du projet. Ces enseignements, ainsi que la collecte de données sur le rendement du système hydrologique, lorsque cela est possible, pourront éclairer les prochaines initiatives de restauration et d’infrastructure urbaine. Alors que les municipalités misent de plus en plus sur des solutions fondées sur la nature, le financement du suivi à long terme devient essentiel. Un registre des performances au fil du temps qui sera partagé avec la prochaine génération de concepteurs, d’écologistes et d’urbanistes, est nécessaire pour démontrer le caractère durable des infrastructures écologiques. 

AAPC | CSLA 12 crois. Forillon, Ottawa (ON) K2M 2W5